La dispersion des espèces par l’Homme en Méditerranée remonte à au moins 10 000 ans et a marqué de façon indélébile la biodiversité actuelle. Considéré comme un descendant du mouflon d’Asie (Ovis gmelini gmelinii), le mouflon de Corse (Ovis gmelini musimon) a été transféré en tant que bétail vers la Méditerranée occidentale, au cours du Néolithique, par des migrants du croissant fertile.
Aujourd’hui, deux populations géographiquement déconnectées se trouvent en Corse. Et on ignore s’ils proviennent d’individus fondateurs distincts ou d’une population ancestrale commune qui s’est séparée par la suite, or cette information est essentielle pour la gestion de l’espèce sur l’île.
Nous avons donc analysé l’ADN d’une centaine d’individus sur le gène mitochondrial Cytochrome-b ainsi que sur 16 marqueurs microsatellites spécifiques du mouflon pour mieux comprendre l’histoire naturelle du mouflon corse.
Nous avons trouvé des preuves confirmant que le mouflon asiatique était l’ancêtre du mouflon corse, et qu’il devait être considéré comme une sous-espèce du mouflon asiatique. De plus, la datation de divergence haplotypique et l’étude de la structure génétique ont mis en évidence une différenciation génétique forte et ancienne entre les deux populations corses.
Les analyses statistiques ont révélé que l’introduction d’un seul groupe d’individus fondateurs était le scénario le plus fiable pour expliquer l’origine de toute la population corse. Plus tard, cette population ancestrale aurait diminué en nombre, affrontant des goulots génétiques et aboutissant finalement à deux populations divergentes. Cette scission a probablement eu lieu il y a plusieurs centaines d’années.
En dépit de leur passé commun, nous discutons de la question de savoir si les deux reliques des populations de mouflon corse devraient désormais être considérées comme des unités de gestion distinctes.