La tortue d’Hermann (Testudo hermanni) est une espèce emblématique de la faune méditerranéenne et la seule tortue terrestre vivant à l’état sauvage en France. Autrefois largement répandue, les populations françaises sont aujourd’hui limitées à deux noyaux relictuels : le Var et la Corse. Elle est d’ailleurs considérée comme l’une des espèces les plus menacées de la faune terrestre française.
Ses populations subissent de multiples pressions : destruction et fragmentation des habitats, incendies de forêt, urbanisation, prélèvements illégaux et surtout introductions d’individus non indigènes issus d’élevages.
Face à ces menaces, la tortue d’Hermann bénéficie de nombreuses mesures de protection et de programmes de conservation portés par les institutions, les gestionnaires d’espaces naturels et les associations spécialisées.
Deux sous-espèces sont reconnues :
Testudo hermanni hermanni (THH) : présente en France, Italie, Espagne et dans certaines îles méditerranéennes. C’est une sous-espèce endémique et fortement menacée, en fort déclin dans son aire naturelle.
Testudo hermanni boettgeri (THB) : originaire des Balkans, parfois introduite accidentellement en Corse ou sur le continent via des élevages.
Ces introductions ont provoqué des cas d’hybridation entre la THH et la THB.
Ces hybrides, quasi impossibles à identifier visuellement, représentent un risque majeur pour l’intégrité génétique des populations françaises de tortue d’Hermann.
Des études soulignent également le rôle des îles méditerranéennes (Corse, Sardaigne, Sicile) comme sanctuaires génétiques, essentiels pour préserver la diversité et la résilience de l’espèce.
ANTAGENE a développé un panel de marqueurs microsatellites spécifiques permettant de réaliser des analyses précises et fiables sur la tortue d’Hermann.
Ce panel, validé en collaboration avec le PNR de Corse et le Village des Tortues de Moltifao, constitue un outil robuste pour le suivi à long terme des populations.
Grâce à ce panel, il est possible de :
Identifier les sous-espèces (Testudo hermanni hermanni et Testudo hermanni boettgeri) à partir de différents types d’échantillons biologiques (sang, frottis buccal ou cloacal).
Détecter et quantifier les hybrides, invisibles morphologiquement, y compris les individus introgressés.
Évaluer la diversité génétique et les risques de consanguinité, indicateurs essentiels de la viabilité des populations.
Suivre les dynamiques génétiques au fil du temps, afin de mesurer l’efficacité des actions de conservation (réintroduction, renforcement, gestion des habitats).
Caractériser les lignées régionales (populations corses et varoises).
Ce panel de microsatellites s’inscrit dans une approche intégrée de génétique de la conservation, offrant aux gestionnaires des données fiables et comparables dans le temps.
Les résultats de ces analyses peuvent être utilisés pour :
Mettre en place des programmes de conservation ciblés sur les populations autochtones,
Isoler et gérer les individus hybrides,
Renforcer la viabilité des populations de THH en réduisant les risques génétiques,
Appuyer les politiques publiques et les gestionnaires d’espaces protégés,
Suivre scientifiquement les populations sur le long terme grâce à des indicateurs génétiques fiables.